Collection Icônes 1997-2006
Peintures sur pages de magazine, 1997-2006
Avec cette série de peintures, initiée dès 1997, l’artiste prolonge son travail sur l’apparence et l’identité, en lui donnant une résonance nouvelle par le médium et le format, plus petit, plus intime. En revêtant ses modèles sur papier glacé d’un « habit de nudité », comme elle aime à le désigner, Nicole Tran Ba Vang joue à nouveau avec notre perception de la nudité et la valeur statutaire du vêtement.
A l’opposé de la perfection plastique des précédentes Collections photographiques, qui nous renvoyaient au rêve chirurgical d’une beauté maîtrisée, la peinture apporte ici une touche sensible, humanisée, semblant vouloir nous réconcilier avec la nature imparfaite de notre apparence. Volontairement peintes avec des touches différentes, comme si plusieurs peintres avaient collaboré, les images de la « Collection Icônes » s’éloignent du schéma calibré de la beauté universelle, comme pour respecter la diversité de nos propres enveloppes corporelles et où les plis des vêtements se transforment en bourrelets parfois disgracieux.
Nicole Tran Ba Vang emprunte à la symbolique religieuse pour replacer notre fascination pour l’apparence dans sa dimension sacrée. Comme pour les icônes religieuses, ses peintures sont montées sur du bois. A travers la vénération de l’icône moderne de la Beauté, symbolisée par la profusion de modèles glamour et sexy, n’est-ce pas en effet le culte de l’adoration païenne pour la personne qui est désigné ? Le culte de l’image induit un désir d’identification à une perfection véhiculée à travers les icônes de mode, de musique ou de cinéma (Kate Moss, Chloé Sévigny, Madonna, Milla Jojovitch….) devenues nouveaux standards de beauté. Ce statut s’apparente t-il à celui de l’icône religieuse ?
Travaillant directement à la peinture sur des photographies de magazines de mode, en dénudant ses modèles d’un geste paradoxal de recouvrement, l’artiste propose un jeu de collision intriguant entre icônes religieuse, photographique et mode où le culte de l’image flirte avec l’idée de propagande et de dictature. Sommes-nous consciemment ou inconsciemment conditionnés ou soumis ?