Utilisant la photographie, Nicole Tran Ba Vang en bouscule les codes, comme eux. Elle les viole, les ridiculise. Sa démarche me fascine, comme elle fascine beaucoup de gens d’ailleurs, d’abord par ses prises de risque, ses ambiguïtés, ses dérapages, son humour, les tortures insidieuses qu’elle inflige ici ou là à ses modèles, Nicole Tran Ba Vang intervenant à la manière d’une abeille qui bat des ailes, ventilant de l’air pour vous faire oublier qu’elle vous pique. La photographie, Nicole Tran Ba Vang la manipule et la pollue. La photographie, elle s’en fout. Et elle a raison. Elle s’en fout comme s’en foutent les artistes pour qui cette technique, cette pratique n’est rien que le moyen de matérialiser un rêve, une vision.
Et qu’importe la façon.
Ça passe ou ça casse.
Avec elle, ça passe.
En beauté.
Michel Nuridsany, écrivain, critique et commissaire d’exposition.
Extrait du texte Nicole Tran Ba Vang, Le temps ouaté des rêves, éditions RueVisconti, 2012.